الأربعاء، 12 أكتوبر 2011

Interview avec 00216 mag




Interview de Imed Daimi, tête de liste du CPR sur France Nord
* Quel est le sens de votre candidature ?
Le peuple tunisien a souffert depuis plusieurs décennies d’une élite politique corrompue, incompétente et égoïste. La révolution tunisienne est venue pour dire « DEGACE ! » à toute cette classe politique qui constituait un des piliers de la dictature et pour faire appel à du sang neuf et propre pour mettre notre pays sur les rails de la transition démocratique tant espérée. Ma candidature à ces élections est une réponse à cet appel du devoir envers ma patrie, dont j’étais séparé pendant mes presque 20 ans d’exil forcé. Pour moi, l’enjeu de cette constituante est trop important pour le laisser entre les mains des experts constitutionnalistes. Ma présence dans cette assemblée, ainsi que celle de mes collègues à Almottamar (CPR), militants de première heure contre la dictature, est une garantie pour que l’assemblée reste fidèle aux aspirations du grand peuple tunisien exprimées lors de sa révolution et au sang de nos martyrs. Enfin, je tiens à défendre une citoyenneté complète de la communauté tunisienne à l’étranger et son droit le plus légitime de participer à la construction de la Tunisie de demain.

* Quels sont vos atouts ?
Durant mes 20 ans d’exil j’ai eu l’occasion de développer une longue expérience en matière de défense des droits de l’Homme et de toutes les causes justes, de lutte contre les injustices et de construction d’idées et de projets. A cette expérience j’ajoute une importante relation de confiance avec beaucoup de compatriotes tunisiens rencontrés dans nombreux cadres associatifs avant, pendant et après la révolution. Je profiterais également d’un atout majeur qui est l’appréciation très largement partagée par les citoyens en Tunisie et à l’étranger d’Almottamar (CPR) comme étant le parti des militants intègres et propres qui étaient toujours en première ligne dans la lutte contre la dictature et qui restent fidèles à leur principes.

* Avec quel(s) parti(s), excluez-vous toute alliance avant et après le scrutin ?
Avant le scrutin nous n’avons conclu aucune alliance électoraliste. Nous avons présenté nos propres listes dans toutes les 33 circonscriptions en Tunisie et à l’étranger sans exception. Après les élections, nous excluons toute alliance avec les forces contre-révolutionnaires, ces forces du passé qui vont essayer de se regrouper dans un front pour essayer d’empêcher la rupture totale que nous proposons. Nous ne pouvons pas également mettre la main dans les mains des partis qui seraient tentés de s’allier avec ces forces ou avec des groupes d’intérêts ou pays étrangers, ou qui continueraient à fausser le jeu démocratique en ayant recours à l’argent politique.

* Quels sont les 3 axes prioritaires de votre programme ?
Si on parle de l’assemblée constituante, le CPR propose un projet clair et complet pour faire réussir cette expérience unique que le peuple tunisien a mérité en payant de son sang. Nous avons besoin d’abord de définir notre vision de la constituante et son rôle :

L’assemblée constituante doit être souveraine et pluraliste, elle doit être l’expression même de la volonté du peuple, c’est donc à elle de définir ses prérogatives et sa durée. Son rôle est de réécrire la constitution, ce contrat politique qui lie les tunisiens. Mais pas seulement, la constituante aura aussi pour tâche de construire les nouvelles institutions démocratiques et républicaines qui vont organiser la vie politique pour les décennies qui viennent. Tout ça prend du temps.

Elle doit alors s’attaquer entre autres, aux trois axes principaux suivants :

- Réorganiser les pouvoirs pour garantir un meilleur équilibre entre les pouvoirs. Pour ce faire, le CPR propose la répartition des pouvoirs au sein de l’exécutif entre un président de la république élu au suffrage universel pour un mandat de 4 ans renouvelable une seule fois et un premier ministre issu de la majorité parlementaire. Le pouvoir législatif doit disposer de moyens constitutionnels et d’outils juridiques pour pouvoir contrôler l’exécutif et le déchoir le cas échéant.

- La réforme judiciaire en réformant le Conseil Supérieur de la Magistrature en le séparant complètement de l’exécutif, le président de ce conseil ne doit plus être nommé par le président de la République mais élu par le Conseil lui même.

- La protection des droits et libertés individuelles et collectives par la constitution. Ceci ne peut être réalisé sans un renforcement de l’autonomie des forces de la société civile et la liberté d’association sans déclaration préalable.

* Une fois élu, quelle sera votre feuille de route pour les 12 prochains mois ?
Je vais bien évidemment défendre le projet du CPR au sein de la constituante que j’ai décrit précédemment, sans perdre de vue que je suis élu représentant des tunisiens à l’étranger (et en France plus particulièrement).

Les premiers mois vont être décisifs pour mettre en place toutes les conditions favorables à la réussite de la transition démocratique et la consécration de la révolution tunisienne par une constitution moderne et un état démocratique. Nous avons une feuille de route pour trois ans. Pour les douze premiers mois, la feuille de route du CPR est claire, elle peut être décrite en 8 points :

1- L’assemblée constituante élit un président de l’assemblée constituante,
2- L’assemblée constituante commence ensuite la rédaction de son règlement intérieur et ensuite la nouvelle constitution,
3- L’assemblée constituante élit un président de la république selon des prérogatives définies par l’assemblée elle même,
4- Le président de la république forme un gouvernement d’union nationale qui doit être responsable devant l’assemblée constituante (et non pas le président de la république),
5- Le gouvernement d’union populaire commence tout de suite les réformes structurelles nécessaires pour stabiliser le pays et relancer l’économie (emploi, réformes judiciaires, santé, éducation…),
6- Après 6 mois, tenir des élections municipales afin de mettre les partis politiques, peu connus du public, en concurrence sous le slogan “Un parti incapable de gouverner une municipalité ne peut pas gouverner un état,
7- Au bout d’un an, le premier brouillon de la constitution est soumis aux tunisiens pour que la société civile en débatte dans les médias, les associations… Ceci a pour but de s’approprier la constituante et exercer le droit d’écrire collectivement le pacte politique qui nous liera pour des décennies,
8- Une synthèse est faite par une commission de l’assemblée constituante afin de rendre compte de l’avis du peuple sur le premier brouillon, une deuxième phase de rédaction commence alors pour tenir compte de l’avis du peuple.

* Comment évaluez vous la situation actuelle des Tunisiens de l’étranger ? En particulier, quelle est votre position par rapport aux droits politiques des binationaux ?
Permettez moi d’abord d’exprimer ma tristesse profonde pour la mort de compatriotes tunisiens lors de l’incendie de Pantin à l’aube de ce jour même (le 29 septembre peu après 5h). Ce drame dont les causes ne sont pas encore élucidées, et dont la justice a saisi le dossier, est la conséquence d’un problème profond et dangereux, outre les causes directes que la justice démontrera: celui du chômage en Tunisie.

Cette situation ne peut se régler que par une discussion franche et ouverte entre les diplomaties françaises et tunisiennes. La France a ici une occasion unique pour rattraper le manquement de l’ère Ben Ali où la France, en appuyant un régime corrompu et despotique, a participé à l’appauvrissement et la dégradation de la situation économique et sociale en Tunisie. Nous pensons qu’il est nécessaire d’étudier la régularisation d’une partie de ces immigrés et peut être les aider et les encadrer pour trouver une formation et/ou un travail.

Le gouvernement tunisien doit aussi prendre ses responsabilités pour mettre en place une aide au retour à ces jeunes qui vivent aujourd’hui dans des conditions indignes mais surtout de les accompagner et les encadrer une fois retournés. J’ai discuté avec beaucoup d’entre eux, beaucoup ont peur d’éventuelles sanctions pénales à leur retour. C’est au gouvernement tunisien de les rassurer et les soutenir, c’est un moment où on a besoin d’apaisement.

Pour ce qui est des binationaux, nous défendons leurs plein droit à l’exercice politique à toutes les échelles du pouvoir. Ce sont des citoyens à part entière et la mère patrie doit avoir les bras ouverts à tous ses citoyens sans exception.


* Si vous êtes élu, comment allez-vous vous organiser entre vos obligations professionnelles actuelles, les séances parlementaires à Tunis et les rencontres avec vos administrés dans votre circonscription ?
Si je suis élu, et je suis confiant de l’être, je vais adapter ma situation professionnelle par un aménagement de temps du travail ou un congé sabbatique pour pouvoir être disponible à 100% dans les travaux de la constituante. J’espère que l’assemblée constituante adoptera un planning de séances et des méthodes de travail qui ne pénaliseront pas les représentants de la communauté tunisienne à l’étranger qui se doivent de rester en contact permanent avec les administrés de leur circonscription surtout dans le contexte de discussion et d’appropriation de la nouvelle constitution.

ليست هناك تعليقات:

إرسال تعليق